Les Petits Brassins de Bendorf – Brown Sour Quetsches vieillie en barrique
Toujours pétris d’amour avec la folle envie de combler nos papilles, les strasbourgeois de Bendorf continuent leur petit bonhomme de chemin avec des brassins qui se suivent mais ne se ressemblent pas tant que ça. J’en veux pour preuve cette Brown Sour Quetsches vieillie en barrique, faisant partie de la gamme “Les Petits Brassins de Bendorf”, une bière “pas-comme-les-autres” qui ne laisse pas indifférent. Du tout du tout du tout. Du tout.
Tout est dans le titre, ou presque
Alors j’en vois déjà râler en fronçant les sourcils : “Gnagnagna, ‘Brown Sour ‘c’est pas français, j’y comprends rien, on est en France acrévindiou !”. Tout d’abord détends-toi Jean-Miche-Muche, tout va bien se passer, ce breuvage contient une bonne dose de local. Analysons donc calmement l’intitulé de cette bière.
“Brown Sour”, c’est pour nous dire qu’il s’agit d’une bière brune (donc à dominante malté) et acide (car “Sour” = “Acide” en français). Pas besoin d’expliquer le mot “Quetsche”, mais nous pouvons préciser que les fruits dénoyautés avec amour proviennent de Westhoffen, et qu’ils ont macéré dans la bière pendant 1 mois. Idem pour le terme “vieillie en barrique”, puisque cette précieuse bière a passé un petit séjour de 5 mois en fût de chêne afin d’en garder des notes boisées et acidulées. Et “Les Petits Brassins de Bendorf” ? Tout simplement parce que Bendorf nous sort de temps en temps des brassins de taille plus réduite qu’à leur habitude, à l’instar de la Clafoutriple, une Triple aux cerises noires également vieillie en barrique. Tu vois J-M-M, il n’y avait pas de raison de se fâcher tout rouge, d’autant plus que le Strisselspalt, fameux houblon emblématique alsacien, a également été mis à contribution. Alors ? Heureux ?
Fiche technique de la Brown Sour Quetsches
- Bière de style… atyique,
- 10% alc.,
- Malts : Pale Ale, Caramunich, Seigle Chocolat
- Houblons : Strisselspalt,
- Autres : quetsches dénoyautées de Westhoffen,
- Bière de fermentation haute vieillie en barrique.
Dégustation
Les bougres n’ont pas menti, cette Brown Sour affiche une couleur bien foncée une fois dans le verre, tandis que la mousse est admirablement inexistante. Quedalle… kepouic… nada… peau d’zob.
De son côté, le nez se révèle bien plus généreux. On tape d’abord sur un mélange de quetsche et de boisé, alors que c’est finalement cet aspect barrique qui finit par prendre le dessus. Mais que nenni, une fois le breuvage à température, le fruit se rebiffe et ne se laisse plus marcher dessus, prenant ainsi l’ascendant. Soyez prévenus, il ne faut pas compter sur vos naseaux pour vous signaler que vous êtes en présence d’une bière tant les arômes sont éloignés de ce que l’on peut avoir l’habitude de boire. Et pourtant.
En bouche la quetsche est également présente mais de façon subtile. On retrouve le fruit, mais avec un petit côté fermenté qui ne devrait pas être inconnu auprès de ceux qui ont la joie de pouvoir produire du schnaps (sensation que l’on retrouve également avec la Anbai de la brasserie japonaise Hitachino Nest). L’acidité s’exprime directement en entrée de bouche et semble provenir du fruit en lui-même. Elle perdure longuement sur les papilles, tandis qu’en parallèle la partie aromatique est soumise à un chamboulement. La quetsche finit par laisser la base maltée s’exprimer avec principalement des notes de chocolat, accompagnées par le boisé qui ne fait pas dans la dentelle, tout en apportant un petit quelque chose de tannique.
Acidité, fruité, boisé, tannique… ouaip, la filiation avec le vin est assez proche, d’autant plus que les bulles sont quasiment absentes. Est-ce gênant dans le cadre d’une bière ? En théorie oui, mais pour ce qui est de ce style, point du tout. Et que dire alors des 10% d’alcool affichés qui ne se font aucunement sentir ? Chapeau bas les gars, v’là du bien bel ouvrage à l’équilibre impeccable.
Pour sûr, cette Brown Sour Quetsches signée Bendorf a de quoi déstabiliser tant elle peut ne pas ressembler à une bière telle que le commun des mortels la conçoit. Pourtant il faut être conscient que le boulot réalisé ici est de toute beauté avec un parfait mariage entre le fruit, la base maltée, l’acidité et le boisé qui rapprochent le breuvage de ce que peut être un vin à la fois jeune et madérisé. Bref, un OVNI sacrément goûtu qui ne laissera pas les gosiers insensibles.
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